Le 22 novembre 2019,

Jean Douchet nous a quittés. Les Cinéastes de L’ARP sont en deuil et expriment leur attachement à ce grand homme de cinéma, compagnon de la Nouvelle Vague, à travers la plume de Philippe Le Guay.

J’ai rencontré Jean Douchet à l’IDHEC en 1980, à l’occasion d’une séance de La Règle du Jeu de Jean Renoir.

Jean avait du voir le film plus de deux cent fois, et cependant il assista avec nous à la projection. C’était sa façon de se tenir toujours éveillé devant les films, car chaque vision était pour lui une nouvelle découverte.

Jean n’avait pas un discours préétabli sur les films et les cinéastes. Il avait le don de les redécouvrir inlassablement, et de se réinventer chaque fois en même temps. Le titre de son dernier livre, où il livrait les clés de son parcours de cinéaste-cinéphile, c’était L’Art d’aimer : un programme qui résume Jean tout entier.

Il fallait l’entendre prononcer le nom de Mizoguchi, avec sa voix grasseyante, pour avoir une idée du Saint Graal au cinéma.

Jean aimait les cinéastes du passé, mais il aimait davantage encore les cinéastes du présent.

Innombrables sont ceux qui font des films aujourd’hui et qui se réclament de son héritage et de sa ferveur. Autour de moi, dans cette 36° promotion de l’IDHEC, Pascale Ferran, Arnaud Desplechin ou Pierre Trividic continuaient à dialoguer avec lui.

J’ai une pensée amicale pour Xavier Beauvois, pour qui Jean était devenu comme un père spirituel.

Si je devais résumer Jean en une qualité, ce serait la gourmandise.
Pour lui, la vie et les films étaient un même festin, qu’il aimait partager comme on partage un repas, une bouteille de vin. La leçon de vie de Jean Renoir en quelque sorte, que Jean avait fait sienne au delà des films.


Philippe Le Guay, Cinéaste de L’ARP